struggling-entrepreneur-desk
Le mythe de l'entrepreneur héroïque s'écroule. L'injonction à l'entreprise de soi mène à une impasse, révélant précarité et désillusions loin des promesses. La réalité est brutale.

Le mythe de l’entrepreneur héroïque s’effondre. L’injonction néolibérale à « l’entreprise de soi » révèle son vrai visage : une impasse dévastatrice. La Revue française de socio-économie expose sans fard les réalités amères du travail entrepreneurial, loin des discours idéalistes et trompeurs qui nourrissent de faux espoirs.

Des enquêtes de terrain impitoyables, menées auprès de populations variées, des cartomanciennes en ligne aux entrepreneurs des quartiers prioritaires, dévoilent l’envers du décor. Les chercheurs en sciences sociales soulignent des activités contraintes, des rapports de pouvoir écrasants, un accès désespérément inégal aux ressources et une précarité omniprésente qui frappe durement cette catégorie de travailleurs. L’étude sur les coachs en reconversion professionnelle est particulièrement édifiante, révélant l’ampleur des obstacles.

Nombre de ces aspirants entrepreneurs, souvent des femmes très diplômées, sont séduits par les « discours dominants sur l’esprit d’entreprendre », cherchant à fuir un salariat devenu insupportable. Les motifs d’insatisfaction sont légion : un management toxique, la frustration, l’ennui profond ou le sentiment d’exercer un métier dénué de sens. Près de la moitié des coachs interrogés ont sombré dans le burn-out, témoignant de la violence du système.

L’indépendance, présentée comme un horizon désirable d’autonomie et de réalisation personnelle, se transforme trop souvent en un piège de précarité. L’idéal est rarement atteint. Marion, ex-chasseuse de têtes, ne parvient qu’à un maigre chiffre d’affaires de 4 000 euros par an à ses débuts. David, ancien consultant, dispense ses séances de coaching en ligne depuis sa chambre d’enfance, chez ses parents. Le contraste est frappant entre la façade de succès affichée sur les réseaux sociaux et la réalité noire de leur situation. C’est la « précarité en col blanc » qui frappe impitoyablement.