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L'épargne salariale bat des records, mais les nouvelles options de déblocage anticipé sont un fiasco. Des millions d'euros restent bloqués, inaccessibles aux épargnants.

Malgré un record d’encours de 200 milliards d’euros en 2024, l’épargne salariale se révèle être un véritable échec en termes d’accessibilité. Alors que des millions de Français peinent à boucler les fins de mois, une part colossale de cette manne financière reste bloquée, inaccessible. Le système, censé offrir une flexibilité financière, se heurte à des restrictions si drastiques qu’elles en deviennent une farce.

Sur 166 milliards d’euros dormant dans les fonds d’épargne, 36 % ont certes été retirés avant l’échéance légale de cinq ans. Cependant, les nouvelles options de déblocage anticipé, instaurées par le décret du 6 juillet 2024 – acquisition d’un véhicule propre, rénovation énergétique ou assistance à un proche – sont un véritable fiasco. Moins de 1,5 % des sommes retirées proviennent de ces motifs, un chiffre qui témoigne d’un manque d’engagement flagrant ou, plus probablement, de l’inefficacité des mesures.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 11 millions de bénéficiaires de plans d’épargne, seuls 4 800 ont osé débloquer leurs fonds pour un véhicule « propre », et 3 700 pour des rénovations énergétiques. Le comble de l’absurdité est atteint avec le motif d’aide à un proche, qui n’a généré que 500 demandes, qualifié de « niveau epsilonesque » par un expert. La médiatrice de l’Autorité des marchés financiers (AMF) dénonce elle-même des conditions de déblocage « tellement restrictives que je crains qu’elles ne deviennent dissuasives ».

Cette situation soulève de sérieuses questions sur la pertinence et l’utilité de ces nouvelles dispositions. Loin d’être une bouffée d’oxygène, elles se transforment en un véritable parcours du combattant pour les épargnants, qui se retrouvent piégés par une bureaucratie excessive et des règles kafkaïennes. L’épargne salariale, censée être un levier pour les ménages, se mue en un mirage, où l’argent est là, mais reste désespérément hors d’atteinte.