
Lancée en 2021, la Foncière Emmaüs, censée incarner l’investissement solidaire, annonce détenir 6 000 mètres carrés. Un chiffre qui masque une réalité moins reluisante : les fonds proviennent de particuliers qui, en y plaçant leur épargne, bénéficient d’une déduction fiscale sans espoir de gain. En effet, « les excédents éventuels sont intégralement réinvestis », explique Aymeric de Goussencourt, responsable de la mission. Un modèle qui privilégie l’association au détriment de l’épargnant, transformant la solidarité en une rue à sens unique.
Pour ceux qui cherchent à concilier solidarité et rendement, l’alternative se tourne vers des fonds dits « 90-10 ». Ces produits, souscrits via l’assurance-vie ou l’épargne salariale, promettent des rendements parfois supérieurs aux placements classiques. Pourtant, ce label « Finansol » censé garantir une plus-value sociale et environnementale, ne peut masquer les risques inhérents à tout investissement. La promesse de ne pas financer l’industrie fossile ou les pesticides, si elle est louable, ne garantit en rien la stabilité des placements.
L’étude des performances sur cinq ans révèle une réalité contrastée. Avec 100 euros misés en 2019, l’épargnant aurait terminé 2024 avec 113 euros en moyenne. Si le fonds Ecofi Agir pour le climat se distingue avec 136 euros, il s’agit d’une exception dans un paysage où l’indice de référence de la Bourse de Paris, le CAC 40, aurait rapporté 117 euros. Une allocation européenne prudente n’aurait généré que 101 euros. Ces chiffres démontrent que l’investissement solidaire, malgré ses belles promesses, peut se révéler un pari risqué, loin de la performance stable et prévisible que certains pourraient espérer. La quête d’un rendement éthique semble, dans bien des cas, rester un mirage.








