
La nouvelle est tombée comme un couperet : Erasteel, fleuron déchu des aciers rapides, va sacrifier 280 emplois, la majorité en France. Ce sont 190 postes qui disparaissent à Commentry, dans l’Allier, plongeant une cité de 6 000 habitants dans l’angoisse d’un avenir incertain. L’annonce, faite aux représentants des salariés, a été un véritable choc. Un délégué syndical CGT a même avoué que l’ampleur était « très difficile à avaler », et que les salariés étaient en état de sidération face à ce désastre.
L’entreprise, passée sous le giron du fonds belge Syntagma Capital en 2023 après avoir été une filiale d’Eramet, justifie ce carnage social par une volonté de se « recentrer » sur la métallurgie des poudres. Ce soi-disant repositionnement stratégique se fait au prix fort : l’abandon d’activités entières, officiellement pour « garantir la pérennité ». Une rhétorique habituelle pour masquer la réalité d’une concurrence internationale féroce et d’une « surcapacité mondiale » qui pèsent lourdement sur l’emploi.
À Commentry, même si l’atelier de tréfilerie est annoncé comme « maintenu », l’inquiétude est palpable. Les syndicats redoutent la survie même du site, et pour cause : les premiers licenciements sont prévus dès avril 2026. La direction promet d’« accompagner » les salariés, mais ces paroles sonnent creux face à l’ampleur des dégâts. Une nouvelle réunion est programmée, mais l’espoir d’un dénouement favorable semble s’éloigner chaque jour un peu plus.
Cette restructuration brutale, qui touche six sites industriels en France, en Suède et en Chine, est le triste reflet d’une industrie métallurgique européenne en pleine déliquescence. Face à la concurrence mondiale et à l’impératif d’innovation, de nombreuses entreprises échouent, laissant derrière elles des territoires dévastés et des milliers de vies brisées. Les collectivités locales se retrouvent impuissantes, contraintes de chercher des solutions miracles pour la reconversion de ces salariés jetés à la rue, alors que le tissu industriel local s’effiloche. La prochaine réunion sera un baromètre crucial pour mesurer l’étendue réelle du drame social qui se profile pour les employés d’Erasteel.






