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La RSE, nouvelle poule aux œufs d'or pour les écoles de commerce ? Derrière l'enthousiasme, une quête de sens ou une simple opportunité de reconversion pour cadres en quête de façade verte ?

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), autrefois reléguée au rang de simple gadget marketing, connaît un essor fulgurant, se transformant en un véritable eldorado pour les écoles de commerce. L’ESSEC, fer de lance de cette tendance, lance un nouvel Executive Master, signe d’une demande croissante pour des formations censées apporter une touche de « durabilité » aux carrières. Mais derrière l’enthousiasme affiché, cette ruée vers la RSE ne cache-t-elle pas une réalité plus sombre, celle d’une simple reconversion pour cadres désabusés ?

Les chiffres annoncés, 25 participants au lieu des 15 espérés, sont brandis comme une victoire. Pourtant, qui sont réellement ces individus ? Des cadres de grandes sociétés cherchant à verdir leur CV, des professionnels du marketing en quête d’un nouveau discours, des juristes flairant le bon filon de la conformité environnementale. Il semble que la RSE soit moins une vocation profonde qu’une stratégie opportuniste pour des carrières en perte de vitesse ou en quête d’un semblant de pertinence. Loin d’une révolution éthique, on assiste peut-être à une simple adaptation superficielle des compétences, dictée par les pressions réglementaires et l’image.

Le discours triomphal de Matias Gonano, directeur du marketing de l’ESSEC, masque à peine l’aspect purement mercantile de cette nouvelle offre. La RSE, ce « rouleau compresseur » selon Thomas Deck, devient un nouveau produit à vendre, un diplôme de plus à accrocher au mur. La question demeure : ces formations permettront-elles réellement d’insuffler un changement profond au sein des entreprises, ou serviront-elles principalement à légitimer des pratiques existantes sous un vernis « durable » ? Le cynisme est de mise quand on observe la rapidité avec laquelle le monde des affaires s’empare de ces concepts, souvent sans en comprendre la portée véritable, si ce n’est leur potentiel de communication.

Finalement, cette explosion des formations en RSE pose la question de leur efficacité réelle. S’agit-il d’une véritable prise de conscience et d’un engagement sincère des entreprises, ou d’une simple parade pour répondre aux injonctions sociétales et éviter les critiques ? Il est à craindre que la RSE, transformée en objet de formation de masse, ne devienne qu’une nouvelle bulle spéculative, vidée de sa substance, où les diplômes se multiplient sans pour autant garantir un impact positif significatif sur notre environnement et notre société. Une déception amère pour ceux qui espéraient une véritable révolution éthique.