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Les nouvelles formations RSE se multiplient, promettant une transformation verte. Mais sont-elles un réel engagement ou un opportunisme cynique pour masquer les échecs passés des entreprises ?

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), autrefois simple gadget marketing, semble désormais propulser une nouvelle vague de diplômes. Face à l’urgence climatique et aux pressions croissantes, les écoles de commerce, à l’image de l’ESSEC, surfent sur la vague en lançant des formations coûteuses. Mais derrière cette façade «verte», se cache-t-il une véritable volonté de changement ou simplement une tentative désespérée de redorer un blason terni par des décennies d’inaction et de profits à tout prix ?

L’ESSEC, qui proposait des formations RSE au compte-gouttes, ouvre désormais un « Executive Master in Strategies for Sustainability » sur 18 mois, entièrement en ligne. Le coût exorbitant de ces programmes n’est pas mentionné, mais il est clair que seule une élite pourra y accéder. Matias Gonano, directeur du marketing de l’école, se félicite d’une promotion plus large que prévue : cadres de grandes sociétés, professionnels du marketing, juristes en quête de reconversion, et même des dirigeants de PME. Ironiquement, beaucoup de ces entreprises sont celles-là mêmes qui ont contribué à la dégradation environnementale et sociale que la RSE est censée « réparer ».

Cette prolifération de diplômes RSE soulève une question fondamentale : s’agit-il d’une réelle prise de conscience ou d’un simple opportunisme face à une demande grandissante ? Les entreprises cherchent-elles réellement à transformer leurs pratiques ou à cocher des cases pour satisfaire les régulateurs et les consommateurs de plus en plus exigeants ? Il est facile d’imaginer que ces formations serviront surtout à créer des armées de consultants capables de maquiller les réalités peu reluisantes de certaines multinationales. Pendant ce temps, les véritables défis environnementaux et sociaux risquent d’être relégués au second plan, sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et de la communication.

Ces nouvelles formations RSE, bien que présentées comme un progrès, pourraient bien n’être qu’un écran de fumée. Elles permettent aux entreprises de s’offrir une conscience éthique à peu de frais, sans pour autant remettre en question les fondements d’un modèle économique destructeur. La véritable durabilité exige des changements radicaux, pas des diplômes supplémentaires pour des cadres déjà bien rémunérés. La RSE, dans ce contexte, pourrait n’être qu’un nouveau symptôme d’un système incapable de se réformer en profondeur.