Everest-helicopters-tourism
L'Everest n'est plus un défi d'endurance mais un cirque aérien pour touristes fortunés, transformant l'alpinisme en business lucratif et dénaturant l'esprit de la montagne.

L’ascension du Toit du monde, jadis symbole d’endurance humaine, s’est transformée en un ballet incessant d’hélicoptères. Ce qui était autrefois le privilège des opérations de secours est désormais la norme pour des grimpeurs fortunés. Le mont Everest est devenu un simple terrain de jeu pour ceux qui préfèrent le vrombissement des rotors à l’effort pur, trahissant l’esprit même de l’alpinisme et mettant en lumière une triste dérive du tourisme de masse.

À Katmandou, l’empire de Sonam Sherpa incarne parfaitement cette commercialisation outrancière de la montagne. Son bureau, niché au cœur d’un immeuble abritant compagnies aériennes et agences de trekking, témoigne de son succès fulgurant. Ses investissements dans des lodges haut de gamme et l’hydroélectricité masquent à peine le fait que le Népal, un pays riche en ressources, est avant tout exploité pour le profit de quelques-uns, sous couvert de développement. L’ambition de tripler la production hydroélectrique ne fait qu’accentuer la pression sur un environnement déjà fragile.

L’histoire personnelle de Sonam Sherpa, un alpiniste autodidacte devenu magnat, est certes inspirante, mais elle souligne paradoxalement la fracture. Parti de rien, il a su bâtir un empire sur l’attrait de la montagne, transformant les expéditions en produits de luxe. Son retour aux sommets après une blessure, effectué au milieu d’une clientèle aisée, renforce cette impression que la montagne est désormais un lieu de convalescence et de prestige pour les nantis, loin des défis originels de l’alpinisme. Le Népal, autrefois terre d’aventure pure, semble n’être plus qu’un vaste parc d’attractions pour les portefeuilles bien garnis.

Cette situation déplorable révèle une déconnexion grandissante entre le respect de la nature et la course effrénée au profit. L’Everest, autrefois le théâtre d’exploits héroïques, est aujourd’hui une caricature de l’aventure, un symbole de la façon dont le capitalisme dégrade même les merveilles naturelles les plus grandioses.