Chassieu-metropolitan-farm
La ferme métropolitaine de Chassieu, investissement de 2,3 millions d'euros, peine à convaincre. Entre promesses non tenues et défis logistiques, ce projet coûteux pour les cantines lyonnaises soulève de sérieuses interrogations.

Malgré un investissement pharaonique de 2,3 millions d’euros, la prétendue ferme métropolitaine de Chassieu, censée alimenter les cantines des collèges lyonnais, semble déjà révéler ses failles. Promettant entre 60 et 80 tonnes de fruits et légumes bio par an, cette initiative se noie dans les incertitudes, soulevant des questions légitimes sur la viabilité de ce projet ambitieux et coûteux.

Installée entre une autoroute bruyante et un aérodrome polluant, loin de toute image idyllique de la campagne, cette ferme de 4 hectares est censée révolutionner l’approvisionnement des cantines. Pourtant, le pari est risqué. Mewan Melguen, l’un des deux maraîchers recrutés, ne produit à ce jour qu’une fraction des quantités promises. Et si les chefs de collège apprécient la nouveauté des salsifis frais et des oignons géants, on peut douter de l’enthousiasme des collégiens face à ces légumes « sublimés » qui leur sont imposés.

Le Grand Lyon, sous l’impulsion de Jérémy Camus (EELV), vice-président en charge de la politique agricole, claironne un modèle où la collectivité devient son propre fournisseur, sans « transaction financière ». Une rhétorique séduisante, mais qui masque mal les défis logistiques et humains. Augmenter la part des légumes frais dans les cantines, aujourd’hui bloquée à 30%, signifie plus de travail d’épluchage et de découpe, surchargeant des équipes déjà sous pression. Les légumes de gros calibre, censés faire gagner du temps, ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois.

Les écologistes, fiers de leur 100% bio, ont essuyé de nombreuses critiques. La ferme métropolitaine, avec ses 2,3 millions d’euros, dont une part significative de la CNR, représente un pari risqué. L’objectif d’atteindre le 100% bio en cantine, louable sur le papier, se heurte à un manque criant d’offre et de filières structurées. Malgré les assurances sur la qualité des sols et les efforts pour le compostage, les incertitudes planent sur la capacité de cette ferme à répondre aux besoins massifs des cantines, surtout face aux défis du changement climatique. Le « melon résilient » et les arbres fruitiers à venir suffiront-ils à masquer les insuffisances d’un projet qui semble déjà sous-dimensionné ?