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Les chiffres des feux de forêt, souvent alarmants, sont pourtant issus de bases de données aux méthodologies controversées. Entre surestimation européenne et sous-évaluation française, la fiabilité des statistiques est mise à mal, rendant difficile une véritable compréhension du fléau.

Chaque été, les feux de forêt dévastent nos paysages, et les chiffres sont omniprésents. Mais la vérité derrière ces statistiques est bien plus complexe et troublante que ce que l’on veut bien nous faire croire. Derrière les gros titres se cache une réalité de données floues et de méthodologies qui masquent les véritables enjeux.

Le Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis), vanté comme un service de pointe, produit des données automatiques via satellite. Si les capteurs Modis et Sentinel-2 peuvent détecter des feux, même petits, leur approche par « points chauds » est loin d’être infaillible. Des écobuages contrôlés, des champs de panneaux solaires : tout est confondu avec de véritables incendies, gonflant artificiellement les chiffres. Pire encore, les petits feux sont souvent ignorés, et les contours des sinistres majeurs sont si mal estimés que la taille réelle des feux est souvent surestimée. Cette absence d’« expertise » sur le terrain est une faille majeure, laissant planer un doute constant sur la véracité des bilans.

En France, la Base de données sur les incendies de forêt (BDIFF), alimentée par des acteurs locaux, offre une image soi-disant plus précise. La connaissance du terrain devrait permettre d’éviter les feux dirigés et de mieux délimiter les surfaces. Pourtant, cette base nationale souffre d’un manque criant de rigueur. Certains départements n’enregistrent aucun incendie depuis 2006, non pas par miracle, mais par une simple absence de remontée d’informations. Si les professionnels du pourtour méditerranéen sont habitués à cette tâche, le reste du pays semble à la traîne, produisant un état des lieux largement sous-estimé. Et n’espérez pas des chiffres en temps réel : la mise à jour annuelle, avec un an de décalage, rend toute action proactive quasiment impossible.

La comparaison entre Effis et BDIFF est révélateuse de l’ampleur du problème : les chiffres européens peuvent être jusqu’à trois fois supérieurs aux données nationales, principalement à cause de l’inclusion des feux agricoles. Mais en été, la tendance s’inverse, la BDIFF montrant plus de petits feux. Cette cacophonie des chiffres rend toute analyse cohérente difficile et jette une ombre sur la capacité des autorités à réellement comprendre et prévenir ces catastrophes. Pendant que les pompiers se fient à Météo-France, les bases de données historiques, elles, peinent à fournir un tableau fidèle de la menace grandissante des feux de forêt.