
C’est une page qui se tourne, ou plutôt qui se déchire, pour des millions de Français. Le Trésor public, sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances, prépare la mise à mort du chèque, un moyen de paiement pourtant si ancré dans nos habitudes. Officiellement, aucune date n’est fixée, mais les couloirs de Bercy murmurent déjà une échéance funeste : la fin de l’acceptation des chèques et la fermeture du dernier centre de traitement par l’administration fiscale d’ici 2027. Ce n’est pas une simple évolution, c’est une révolution amère, imposée sous couvert de modernité.
Le carnet de chèques, autrefois incontournable pour régler impôts, amendes et frais de cantine, est désormais voué aux oubliettes. Cette disparition forcée va particulièrement pénaliser les populations les moins connectées ou les plus réticentes au tout-numérique. Alors que d’autres pays européens ont déjà banni ce mode de paiement, la France s’accrochait à cette particularité, mais visiblement, la gratuité et la familiarité du chèque ne pèsent plus lourd face à la volonté de dématérialisation à tout prix.
Ce revirement, présenté comme une avancée, cache une réalité plus sombre. La Banque de France elle-même a souligné que le chèque est le moyen de paiement le plus fraudé, avec des millions d’euros d’escroqueries chaque année, souvent liées au vol de chéquiers. Plutôt que de renforcer la sécurité ou d’offrir de véritables alternatives accessibles à tous, l’État choisit la facilité : la suppression pure et simple. Une décision qui, loin de rassurer, soulève des questions sur l’inclusion financière et la résilience de notre système face à cette numérisation forcée. L’ère du chèque touche à sa fin, laissant derrière elle un goût amer pour ceux qui le considéraient comme un dernier rempart face à l’uniformisation bancaire.