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La flotte fantôme russe, utilisant des centaines de pétroliers anonymes et souvent sans assurance, contourne les sanctions et menace la sécurité maritime. Une manœuvre qui expose les failles du commerce international et la surveillance de l'OTAN.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, Moscou a cyniquement exploité les lacunes du commerce maritime international, mettant en place une « flotte fantôme » colossale pour contourner les sanctions occidentales. Des centaines de pétroliers, opérant dans l’ombre et souvent sans assurance, livrent discrètement le pétrole russe à travers le monde, ridiculisant les efforts de surveillance de l’OTAN. Cette manœuvre, loin d’être nouvelle mais amplifiée par la Russie, représente désormais un défi majeur pour la sécurité maritime et la crédibilité des sanctions internationales.

Cette flotte obscure, composée de navires vieillissants et re-pavillonnés, a explosé depuis 2022. Elle est passée de moins de 100 pétroliers à une estimation de 300 à 600 navires début 2025, selon Dryad Global. Ces bâtiments, souvent âgés de 20 à 25 ans – bien au-delà de la moyenne mondiale de 13 ans – multiplient les changements de pavillon et d’identité pour dissimuler leur véritable état et leurs propriétaires. Quarante pour cent de ces coques proviendraient même de vendeurs de l’Union Européenne, soucieux de se débarrasser de leurs navires en fin de vie. Le risque de catastrophe environnementale s’en trouve dramatiquement accru, avec des incidents potentiels d’accidents maritimes et de marées noires dans les eaux européennes.

Les tactiques de cette flotte sont alarmantes : manipulation du système d’identification automatique (AIS) pour disparaître des radars, transferts de pétrole en haute mer dans des zones reculées comme la Méditerranée ou l’Afrique de l’Ouest, et utilisation de pavillons de complaisance issus de juridictions laxistes. Malgré les sanctions coordonnées des États-Unis, de l’UE et du Royaume-Uni, qui ont ciblé environ 270 pétroliers entre janvier et mai 2025, cette flotte fantôme continue de prospérer, transportant jusqu’à 70 % des hydrocarbures russes d’ici mi-2024. Le manque de contrôle et d’assurance adéquate sur ces navires souligne l’échec des mécanismes actuels à endiguer cette menace grandissante qui mine l’efficacité des sanctions et met en péril la sécurité maritime mondiale. Le financement de cette flotte par la Russie, avec près de 9 milliards d’euros investis, démontre la détermination de Moscou à maintenir ses revenus pétroliers, alimentant ainsi son effort de guerre.