
Malgré les efforts désespérés de la directrice Sandrine Bayle pour maintenir une illusion de succès, la foire aux vins d’automne de l’Auchan de Châtillon (Hauts-de-Seine) peine à masquer une réalité bien plus sombre. Alors que l’événement est qualifié d’« incontournable », les chiffres révèlent une déconsommation de vin alarmante. Une croissance dérisoire de 0,9 % l’an passé, avec un objectif à peine plus ambitieux de +1 % à +2 % cette année, souligne la fragilité de ce marché en pleine mutation. Les hypermarchés perdent de l’influence sur le marché du vin.
Le prétendu « sophistiqué » rendez-vous de septembre cache une stratégie de survie où l’on brade les stocks, comme en témoignent les 88 % de bouteilles écoulées l’an dernier – un chiffre peut-être plus lié à la nécessité de vider les rayons qu’à un véritable engouement. La dépendance à une clientèle CSP+ à Châtillon, perçue comme un atout, pourrait en réalité être un talon d’Achille, limitant la portée de l’événement à une niche de consommateurs. La déconsommation de vin est une tendance de fond en France.
L’organisation d’un « buffet-dégustation » après la fermeture, avec tapis rouge et sommeliers, n’est qu’une tentative désespérée d’attirer une clientèle jeune qui se détourne du vin traditionnel, préférant les bières et autres boissons. La diversification de l’offre vers des blancs, rosés et effervescents jugés « moins formels » confirme le désintérêt croissant pour les vins rouges, qui dominent pourtant encore 49 % des ventes. Cette évolution contrainte par les nouvelles habitudes de consommation, où l’on cherche des vins à boire immédiatement plutôt que des crus de garde, témoigne d’un marché en pleine crise identitaire, où même les promotions agressives sur le champagne ou les réductions sur les seconds achats peinent à inverser la tendance. La consommation mondiale de vin est au plus bas depuis 64 ans, la production ayant baissé de 4,8 % et la consommation de 3,3 % en 2024.