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Une étude de Morningstar révèle une baisse des frais de gestion des fonds européens, mais cette tendance est-elle vraiment une bonne nouvelle pour les investisseurs ? Entre concurrence acharnée et disparités géographiques, la prudence s'impose face à ces chiffres en trompe-l'œil.

Une récente étude de Morningstar révèle une prétendue « baisse constante » des frais de gestion des fonds d’investissement européens sur la dernière décennie. Mais cette annonce, qui pourrait sembler positive, mérite un examen plus approfondi pour en déceler les véritables implications. Car si les chiffres affichent une diminution des frais moyens, la réalité pour l’investisseur lambda pourrait être bien moins reluisante.

Selon Morningstar, la moyenne pondérée des frais sur l’ensemble des fonds observés serait passée de 1,36 % à 1,11 % entre juin 2015 et juin 2025. Pour les fonds actifs, la baisse irait de 1,40 % à 1,17 %. Et même les produits les plus onéreux verraient leurs frais reculer de 2,30 % à 2 %. Une tendance généralisée qui, à première vue, semble bénéficier aux épargnants. Cependant, cette apparente générosité des gestionnaires de fonds est avant tout le fruit d’une concurrence féroce, notamment avec l’essor des produits passifs comme les ETF, bien moins coûteux. Ce n’est pas une volonté altruiste, mais une pression du marché qui force ces réductions.

Par ailleurs, l’étude suggère que la fermeture de fonds coûteux, remplacés par des alternatives moins chères, contribue également à cette moyenne à la baisse. Le coût moyen pondéré d’un nouveau fonds actif aurait diminué de 1,28 % à 1,01 %, et pour les nouveaux fonds passifs, de 0,36 % à 0,20 %. Mais derrière ces moyennes se cache une disparité géographique inquiétante. Si le Royaume-Uni se targue des frais les plus bas pour les fonds actifs (passant de 1,17 % à 0,86 %), l’Italie demeure le pays le plus cher. La France, elle, se positionne dans la moyenne, avec une baisse de 1,50 % à un peu moins de 1,20 %. Cette situation soulève des questions sur l’équité et l’harmonisation des pratiques tarifaires au sein de l’Union européenne.

En somme, cette « bonne nouvelle » sur la baisse des frais de gestion doit être nuancée. Elle est principalement le résultat d’une contrainte concurrentielle et d’un renouvellement des offres, plutôt que d’un engagement profond des acteurs financiers à alléger le fardeau des investisseurs. La vigilance reste de mise pour les épargnants, qui doivent scruter les coûts réels et ne pas se laisser berner par des moyennes générales qui masquent des réalités très contrastées.