
Malgré les discours alarmistes sur la décarbonation et les tentatives politiques, la voiture règne en maître absolu en France, capturant une part effarante de 80 % des kilomètres parcourus. Une récente étude du Forum Vies Mobiles, un groupe de réflexion financé par la SNCF, ose imaginer un scénario alternatif où la voiture céderait 43 % du réseau routier aux modes de transport plus durables. Un rêve lointain, face à une réalité bien plus sombre et ancrée.
Le postulat de cette étude est accablant : la domination automobile ne serait pas un choix délibéré des Français, mais une dépendance subie. Les citoyens auraient de multiples raisons, notamment financières, de se détourner de la voiture, mais sont tragiquement contraints de l’utiliser faute d’infrastructures et de services adaptés. Cette emprise du « tout voiture » marginalise également un tiers des Français qui ne conduisent pas, ainsi que tous ceux qui n’ont pas les moyens de posséder ou d’utiliser un véhicule, accentuant les inégalités.
Sylvie Landriève, directrice du Forum Vies Mobiles, pointe du doigt un défaut de représentation flagrant au sein de l’élite. Cette dernière raisonnerait comme si la France se résumait à Paris et à la campagne, ignorant les zones périurbaines, les communes intermédiaires et les vastes zones rurales où les habitants sont, de fait, totalement dépendants de leur voiture. Cette déconnexion des élites aggrave une situation déjà critique, où des millions de Français n’ont d’autre choix que de subir les coûts et les nuisances de l’automobile.
Alors que des initiatives pour réduire l’usage de la voiture émergent timidement dans les grandes villes, avec des zones à faibles émissions et des investissements dans les transports en commun, la réalité des territoires moins denses est alarmante. L’absence criante d’alternatives crédibles maintient une grande partie de la population dans une dépendance toxique à la voiture. Une situation qui non seulement entrave la transition écologique, mais pèse lourdement sur le budget des ménages et sur la qualité de vie, enfermant les Français dans un modèle obsolète et coûteux.