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L'édition londonienne de Frieze a déçu, manquant cruellement d'excentricité et de provocation. Malgré une tentative de mettre en avant la jeunesse, la foire semble en pleine crise d'identité, peinant à innover et à surprendre les visiteurs.

Frieze Londres, habituellement le temple de l’excentricité, a visiblement perdu de son éclat. Cette édition, qui s’est tenue du 15 au 19 octobre, a laissé un goût amer aux amateurs de scandales artistiques et de provocations audacieuses. Les allées, d’ordinaire vibrantes d’œuvres repoussant les limites, se sont révélées étrangement sages, voire ennuyeuses. L’absence de folie sur les cimaises et la rareté des œuvres subversives interrogent sur la capacité de la foire à maintenir son statut de phare de l’art contemporain.

Malgré une prétendue diversité esthétique et géographique, cette édition a surtout mis en lumière la faiblesse des propositions audacieuses. La jeunesse, placée de manière inhabituelle au centre de la foire, n’a pas réussi à compenser ce manque d’audace. Les peintures moralistes d’Omar Fakhoury, bien que présentées par une galerie de Beyrouth, ont peiné à susciter l’enthousiasme. Cette tentative de rajeunissement, en reléguant les cadors du marché au fond de la tente, a-t-elle vraiment servi la cause de l’innovation ou n’a-t-elle fait qu’exposer un vide créatif ?

La section inédite où des artistes reconnus mettent en lumière des talents moins en vue, comme Camille Henrot choisissant Ilana Harris-Babou ou Amy Sherald propulsant René Treviño, semble être une manœuvre désespérée pour masquer le manque d’œuvres véritablement marquantes. Eva Langret, directrice de Frieze, justifie ces choix par une volonté d’ouverture et de stimulation. Mais cette stratégie de diversification forcée ne cache-t-elle pas une crise d’identité profonde de la foire, qui peine à innover et à surprendre son public ? Londres, autrefois synonyme d’avant-garde, semble aujourd’hui se contenter de demi-mesures, menaçant son statut de capitale mondiale de l’art contemporain.