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Le "bullshit" en entreprise, ces discours vides masqués par du jargon, est démasqué par Fix dans son nouveau livre. Une critique cinglante des tics de langage et des pratiques managériales absurdes.

Le terme « bullshit » décrit de façon éloquente cette avalanche de jargon obscur, destinée à dissimuler la vacuité affligeante des discours professionnels sous un vernis de mots nébuleux et chatoyants. C’est la définition sans fard de Fix, caricaturiste à l’humour cinglant et « consultant repenti », qui constitue le cœur même de son nouvel ouvrage. Après avoir dépeint les « extraordinaires aventures de la vie de bureau » dans sa série Chief Bullshit Officer, l’auteur s’attaque avec une acrimonie rafraîchissante aux mots de l’entreprise dans un dictionnaire illustré, Full Corporate Bullshit.

De « disruptif » à « reporting », de « N + 1 » à « bienveillance », l’ouvrage plonge le lecteur dans une analyse corrosive du quotidien des salariés au sein d’organisations où l’esprit corporate est imposé. Fix y dénonce les tics de langage superficiels qui pullulent dans les open spaces. Le « mindset » ? « Comme un paradigme, mais plus branché », ironise Fix. Il étrille les « roadmaps », l’« effet waouh » et les « kick-off », ces termes pompeux qui ont relégué aux oubliettes les simples « réunions de lancement ».

L’auteur s’amuse également des formules de politesse éculées qui concluent les e-mails. L’expression « Cordialement », jugée désespérément banale, est raillée pour son manque de créativité. Mais le bullshit ne se limite pas au vocabulaire. Fix croque avec une justesse glaçante les us et coutumes de l’entreprise, comme le « call » – simple « appel téléphonique » rebaptisé pour conférer une illusion d’importance. Pire encore, le « team building » est dépeint comme un ensemble de « pratiques coercitives et humiliantes » visant à forcer la proximité entre collègues, sous le regard implacable des supérieurs, exigeant un sourire forcé malgré les regards lourds et les corps fatigués.