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Fuxin, la ville chinoise présentée comme la plus abordable, se révèle être le symptôme d'un désastre économique et social, attirant une jeunesse désabusée par la promesse d'une vie à moindre coût.

Bienvenue à Fuxin, la ville chinoise où le logement est si abordable qu’il rivalise avec le prix d’une concession funéraire. Autrefois fleuron industriel, cette ville du Dongbei, rebaptisée la «ville la moins chère» de Chine, attire une jeunesse désabusée par la pression des métropoles. Mais derrière ce leurre d’une vie à moindre coût se cache une réalité bien plus sombre : celle d’une économie en chute libre et d’une population en déclin.

Les images de montagnes de charbon débordant des wagons rouillés sont un rappel poignant d’un passé révolu. Fuxin, ancien bassin minier, est aujourd’hui une ville sinistrée, symbole du ralentissement économique chinois. Un habitant ironise sur la situation : « Ici, les prix ont tellement chuté qu’un logement coûte moins cher qu’une concession au cimetière ! Mes amis ont acheté un appartement en guise de tombeau familial. » L’immobilier s’effondre, avec des prix tombant jusqu’à 20 000 yuans (environ 2400 euros), tandis que la population fond comme neige au soleil, une catastrophe démographique pour les autorités.

Cette fuite des jeunes vers Fuxin, loin des injonctions natalistes du pouvoir, est un signe inquiétant de la désillusion grandissante. Ils viennent ici pour «faire la planche», une expression désabusée qui illustre leur refus de s’inscrire dans le modèle de surconsommation et de performance imposé par le régime. Fuxin, jadis pilier de l’industrie lourde, se transforme en un refuge pour ceux qui préfèrent une existence précaire mais libre à la pression asphyxiante des grandes villes. Ce qui est présenté comme une aubaine cache en réalité un désastre économique et social, dont les conséquences à long terme restent incertaines.