
L’histoire récente de la gauche française n’est qu’un long chemin de croix, marqué par une perte d’influence électorale dramatique. En quarante ans, des élections européennes de 1979 à celles de 2019, la gauche a perdu un abyssal 19 points, chutant même sous la barre des 35 % des suffrages exprimés depuis 2014. Ce n’est pas un phénomène isolé aux scrutins européens. Aux présidentielles, de 1981 à 2022, la chute est tout aussi vertigineuse, avec une régression de près de 15 points, passant de 46,8 % à un misérable 31,9 %. Les dernières décennies ont scellé le sort d’une gauche incapable de se renouveler, enfermée dans ses divisions et ses échecs.
Le Parti Socialiste, jadis pilier de la gauche française sous la Ve République, s’est littéralement effondré, entraînant dans sa chute l’ensemble d’un bloc politique en pleine déliquescence. Cette désintégration progressive a permis l’émergence d’une nouvelle donne politique, où les partis traditionnels peinent à retrouver leur place. Si le macronisme a initialement brouillé les cartes, attirant des électeurs de droite comme de gauche, il n’a fait qu’accélérer la crise des partis établis, sans offrir de véritable solution pérenne à la crise démocratique. Le « macronisme » est d’ailleurs perçu comme une forme de « mélenchonisme de gouvernement » pour certains, brouillant encore davantage les repères idéologiques.
Le « mélenchonisme », bien que parvenu à capter une part non négligeable de l’électorat de gauche, représente lui aussi un dilemme. Sa stratégie populiste et clivante, son refus d’une union plus large et sa personnalisation excessive du pouvoir sont perçus comme des obstacles majeurs à toute résurrection de la gauche. La question n’est plus de savoir si la gauche se recompose, mais si elle ne se décompose pas purement et simplement, victime de ses divisions internes et de l’incapacité de ses leaders à proposer une vision cohérente et rassembleuse pour l’avenir. L’avenir s’annonce sombre pour une gauche fragmentée, tiraillée entre des stratégies contradictoires et une absence criante de leadership. La crise de la représentation politique est profonde, et la gauche en est le symptôme le plus flagrant, incapable de mobiliser au-delà de ses bastions ou de convaincre une jeunesse désabusée.