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La nomination de Gilbert Cette, économiste proche d'Emmanuel Macron, à la tête du COR sème le doute sur l'indépendance de l'instance, accusée de partialité après le départ controversé de son prédécesseur.

La nomination de Gilbert Cette à la présidence du Conseil d’orientation des retraites (COR) fin octobre n’est pas passée inaperçue, surtout en pleine tourmente de la réforme des retraites. Cet économiste, ouvertement proche d’Emmanuel Macron, prend les rênes d’une instance dont l’indépendance est déjà fortement remise en question. Sa relation privilégiée avec le chef de l’État, qu’il décrit comme une capacité à « parler le même langage », soulève de sérieuses interrogations sur l’impartialité des futurs rapports du COR.

Ce n’est un secret pour personne : le précédent président du COR, Pierre-Louis Bras, avait osé défier le discours officiel en exprimant publiquement ses doutes sur la nécessité impérieuse de reculer l’âge de départ, alors même que les manifestations contre la réforme secouaient le pays. Une attitude visiblement intolérable pour l’exécutif, qui a rapidement cherché à le remercier, malgré les dénégations officielles d’une « sanction » . Le remplacement par un fervent partisan de la macronie est donc perçu par beaucoup comme une tentative flagrante de « mettre au pas » le COR, afin de garantir des analyses conformes aux désirs du gouvernement.

Les syndicats ne s’y trompent pas. La CGT, par la voix de Denis Gravouil, a fustigé un rapport du COR jugé « totalement orienté » et un président « en mission commandée » pour l’Élysée. Le COR, autrefois loué pour sa neutralité et sa capacité à établir un diagnostic partagé, semble désormais sacrifier son indépendance au profit d’une ligne politique préétablie. Cette situation jette une ombre inquiétante sur la crédibilité des travaux futurs de l’institution et alimente le cynisme ambiant quant à la sincérité du dialogue social sur un sujet aussi explosif que les retraites. Le véritable perdant de cette manœuvre pourrait bien être la démocratie elle-même, avec la dilution des contre-pouvoirs face à un exécutif déterminé.