Roman-grattachecca-kiosk
Alors que Rome subit des vagues de chaleur extrêmes, la "grattachecca", un dessert glacé ancestral, se bat pour sa survie entre tradition et modernité, menacée par les impératifs d'hygiène et les effets du changement climatique. Un symbole romain en péril.

Alors que Rome suffoque sous des températures caniculaires avoisinant les 40 degrés, la « grattachecca », une préparation ancestrale à base de glace râpée et de sirop, semble être le seul réconfort des habitants. Ce dessert glacé, qui fait de l’ombre aux traditionnelles glaces et sorbets, est pourtant au cœur d’un débat persistant concernant son authenticité et son hygiène.

Dans un kiosque historique sur les rives du Tibre, Massimo Crescenzi, 72 ans, et sa femme Rosanna Mariani s’efforcent de répondre à une demande croissante. Rosanna utilise une machine pour râper d’énormes blocs de glace, tandis que Massimo ajoute les sirops et les fruits. Cette méthode moderne est contestée par certains puristes qui préfèrent la glace râpée à la main, soulevant des questions de tradition face à la propreté perçue.

Le nom même de la grattachecca viendrait d’une domestique nommée Francesca, surnommée « Checca », qui préparait cette boisson désaltérante pour un noble romain. Autrefois, la glace était acheminée des montagnes des Abruzzes jusqu’à Rome par charrettes, une pratique révolue avec l’avènement des usines de production de glace.

Malgré l’enthousiasme des touristes, comme Andrea Alvarado, une Californienne ravie par cette « tradition antique » découverte via les réseaux sociaux, la grattachecca est prise au piège des conséquences du changement climatique. La saison de vente s’allonge dangereusement, débutant désormais en mai pour se terminer en octobre, et probablement au-delà dans les années à venir, selon Massimo Crescenzi. Cette extension forcée de la saison, bien que profitable à court terme, pourrait à terme banaliser et dénaturer cette tradition séculaire, la transformant en simple produit de consommation face à une urgence climatique.