
La nouvelle journée de mobilisation intersyndicale du 2 octobre, censée maintenir la pression sur l’exécutif en plein remaniement et à l’aube du projet de loi de finances 2026, s’est soldée par un échec retentissant. Les chiffres sont sans appel : le ministère de l’Intérieur a recensé seulement 195 000 manifestants en France, bien loin des 505 000 du 18 septembre. Même la CGT, pourtant habituée à gonfler les chiffres, a peiné à atteindre les 600 000, une preuve manifeste du **découragement** généralisé.
La **démobilisation** est flagrante dans toutes les grandes villes. À Marseille, le nombre de manifestants a chuté de 15 000 à 4 000. Bordeaux et Montpellier ont connu des baisses similaires, passant respectivement de 8 800 à 3 000 et de 10 000 à 4 000. Le secteur de l’éducation, pilier des mouvements sociaux, a vu son taux de grévistes s’effondrer, passant de 17,06 % à 6,95 % dans le primaire et 6,13 % dans le secondaire. La fonction publique d’État a suivi la même courbe descendante, avec à peine 4,22 % d’agents en grève, contre près de 11 % précédemment. Un revers qui souligne la perte d’influence des syndicats et le désenchantement d’une population qui ne croit plus à l’efficacité des manifestations.
Face à cette situation, les voix des manifestants expriment un profond désarroi. Marie, fonctionnaire à Paris, résume bien le sentiment ambiant : « On en a marre de faire des manifs qui ne mènent à rien. C’est déprimant. » Certains appellent à des formes de lutte plus **radicales**, tandis que d’autres, comme l’ouvrier Baptiste Perherin, constatent une patience surprenante face au mécontentement général. Les réformes, notamment celle des retraites, continuent d’alimenter la colère, mais sans parvenir à fédérer un mouvement d’une ampleur suffisante pour faire trembler le gouvernement. Le nouveau ministre des Finances, Sébastien Lecornu, semble d’ailleurs insensible aux appels à la « justice fiscale », privilégiant une approche où « certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront », une promesse floue qui augure peu de changements.
Le système éducatif, qu’il soit universitaire ou non, est également en souffrance. Radija, professeure à Paris 8, déplore la situation « dramatique » des universités, confrontées à des déficits et un manque de remplacement des enseignants. Le projet de loi de Philippe Baptiste, qui ouvrirait la collation des grades au secteur privé, ne ferait qu’aggraver la dégradation du service public. Cette journée de mobilisation, loin d’être un succès, met en lumière une crise de confiance et un sentiment d’impuissance qui s’enracinent profondément dans la société française, menaçant de voir la colère resurgir sous d’autres formes, potentiellement plus violentes, si les préoccupations des citoyens ne sont pas entendues.






