
L’affaire Hannibal Kadhafi prend une tournure des plus inquiétantes, alors que le Liban semble prêt à céder aux pressions pour sa libération. La caution colossale de 11 millions de dollars, initialement réclamée, pourrait être drastiquement réduite, voire annulée, soulevant des questions légitimes sur l’intégrité de la justice libanaise. Cette « grande souplesse » évoquée par un responsable judiciaire sonne comme une capitulation face à des tractations obscures, transformant la quête de vérité en une farce diplomatique.
Arrêté en 2015, le fils de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi est accusé d’avoir dissimulé des informations cruciales sur la disparition du religieux chiite Moussa Sadr en 1978. Or, quarante-cinq ans plus tard, et malgré des preuves qui seraient accablantes, l’on s’apprête à faire de larges concessions. Une délégation libyenne a récemment remis des enquêtes menées par Tripoli, mais l’opacité autour de ces documents laisse planer un doute immense sur leur pertinence réelle.
Le juge libanais semble étrangement disposé à lever l’interdiction de voyager imposée à Hannibal Kadhafi, une décision qui pourrait signifier la fin de toute véritable enquête. La caution, divisée entre « 10 millions de dollars pour les victimes et un million de dollars à titre de garantie de comparution », est désormais menacée d’être réduite au minimum, voire totalement supprimée. L’avocat français de M. Kadhafi, Laurent Bayon, pousse à l’annulation pure et simple, qualifiant cette caution d’« injustifiée ».
L’ombre de Mouammar Kadhafi plane toujours sur cette affaire, rappelant les multiples scandales et démêlés judiciaires d’Hannibal en France et en Suisse. Son implication présumée dans le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, déjà lourdement condamné, ajoute une couche de cynisme à cette libération potentielle. Le Liban, en faisant preuve d’une telle complaisance, risquerait non seulement de trahir les victimes de l’affaire Sadr, mais aussi d’envoyer un message désastreux sur l’impunité des puissants.






