
Malgré les grandes déclarations et les promesses de fermeté, la lutte contre le harcèlement scolaire en France semble loin d’être gagnée. Le ministre de l’éducation nationale, Édouard Geffray, a annoncé 600 poursuites pénales engagées et 4 200 mesures alternatives entre 2022 et fin 2024. Des chiffres qui, loin de rassurer, soulèvent des questions sur l’efficacité réelle des dispositifs mis en place face à l’ampleur du fléau.
Les « mesures pénales alternatives », présentées comme des sanctions « proportionnées et rapides », incluent de simples rappels à l’ordre ou des interdictions de fréquentation. Ces outils sont-ils vraiment dissuasifs pour des harceleurs, même mineurs, ou ne sont-ils qu’une façon d’éviter des procès plus lourds et coûteux ? La loi Balanant de 2022, qui prévoit des peines d’emprisonnement et des amendes, semble peu appliquée au regard des milliers de cas répertoriés.
Le ministre a également mentionné l’exclusion de « plusieurs centaines » d’élèves harceleurs. Une mesure qui arrive bien tardivement pour de nombreuses victimes, comme Lindsay, cette collégienne de 13 ans dont le suicide a tragiquement mis en lumière l’échec du système. Il est scandaleux que le poids de l’exclusion repose encore sur les épaules des élèves harcelés, contraints de changer d’établissement. Ce soi-disant « progrès » n’est qu’un pansement sur une hémorragie.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une étude récente révèle que 37 % des jeunes sont victimes de harcèlement ou de cyberharcèlement, un pourcentage alarmant qui ne diminue pas avec l’âge. Que ce soit en primaire, au collège ou au lycée, la situation reste désespérément critique. Les motifs invoqués – jalousie, différences physiques ou de look – mettent en lumière des discriminations profondes et persistantes au sein même de nos écoles. Face à une telle réalité, les déclarations officielles et les mesures annoncées paraissent bien dérisoires.







