
C’est une sortie fracassante qui secoue le Club Med. Après plus de deux décennies à la tête de l’entreprise, Henri Giscard d’Estaing quitte ses fonctions, contraint et forcé par l’actionnaire chinois Fosun. Une révocation à peine voilée, orchestrée sans ménagement, qui marque la défaite d’un dirigeant face à l’emprise croissante d’un conglomérat sans scrupules.
Malgré des résultats financiers en forte hausse et une stratégie de montée en gamme couronnée de succès, avec un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros, le PDG n’a pas survécu aux tensions internes. L’échec des Club Med en Chine et surtout des « Joy View by Club Med », des villages de week-end supposés révolutionnaires près de Pékin et Shanghaï, a creusé un fossé irrémédiable entre « Henri » et « Chairman Guo ».
L’arrivée de Xu Xiaoliang à la tête de Fosun Tourism Group en 2022 a précipité la chute. Ce nouveau patron, dénué de la confiance que son prédécesseur accordait à Giscard d’Estaing, a méthodiquement renforcé son emprise sur le Club Med. La création de deux sièges supplémentaires au conseil d’administration pour des Chinois, réduisant l’influence française, n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette prise de contrôle insidieuse.
Le licenciement forcé de Michel Wolfovski, fidèle compagnon de route de Giscard d’Estaing, a été la goutte d’eau. Ce bras de fer pour la direction financière a révélé l’étendue du pouvoir de Fosun. L’annonce par Giscard d’Estaing d’un projet de retour en Bourse de Paris, perçue comme un coup de pression, n’a fait qu’accentuer les désaccords. Cette fin de mandat, loin d’être une transition harmonieuse, est la preuve amère que même les plus grands succès peuvent être brisés par les jeux de pouvoir internationaux.