
Malgré des efforts colossaux pour décrypter son évolution, le droit du travail en France apparaît comme une succession de **mesures réactives** face aux crises, plutôt qu’une construction cohérente et proactive. Le récent ouvrage « Histoire du droit du travail par les textes » tente de masquer cette réalité en présentant une analyse de 55 textes majeurs. Dirigé par un aréopage d’experts – Paul-Henri Antonmattei, Alain Chatriot, Laurence Pécaut-Rivolier et Yves Struillou – l’œuvre rassemble 41 auteurs dont la mission était de replacer ces textes dans leur « esprit du temps ».
Pourtant, cette prétendue contextualisation ne fait que souligner l’incapacité chronique des législateurs à anticiper les défis sociaux. L’instauration du SMIC en 1970, par exemple, est présentée comme une réponse à la volonté de « cantonner les inégalités salariales » mais elle est surtout le fruit d’une **panique politique** suite aux événements de mai 1968. Une preuve flagrante que les autorités n’agissent qu’en réaction aux bouleversements, et non par réelle vision sociale. La « société en pleine croissance » masquait déjà les tensions sous-jacentes qui allaient exploser.
Même la loi de 1982 sur les libertés des travailleurs, encensée pour avoir purgé les règlements intérieurs de leurs clauses illicites, a mis un temps **scandaleusement long** à émerger. Cette « lente maturation des esprits » n’est qu’un euphémisme pour désigner une procrastination législative. Le droit du travail, loin d’être un bouclier protecteur, semble n’être qu’un miroir déformant des échecs passés, sans jamais véritablement garantir une justice durable pour les travailleurs.






