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Le décès de Robert Birenbaum, résistant de 99 ans, soulève la question de la reconnaissance inégale des héros. Son parcours, pourtant exemplaire, semble éclipsé par les figures panthéonisées.

Tandis que la France s’incline devant le décès de Robert Birenbaum, un résistant de 99 ans, une question troublante demeure : pourquoi un tel dévouement à la nation semble-t-il éclipsé par la célébrité posthume de ses compagnons d’armes ? Le président Macron a salué un « homme de dévouement » et « un exemple pour tous », des éloges qui sonnent presque comme un rattrapage tardif pour ce membre des FTP-MOI, groupe rendu célèbre par Missak Manouchian.

À 16 ans seulement, Birenbaum s’engageait dans les rangs de la Résistance, aux côtés de figures désormais panthéonisées. Une entrée au Panthéon en 2024 pour Manouchian et 23 de ses camarades, mais Birenbaum, lui, n’y est monté qu’au bras du président. Est-ce le signe d’une reconnaissance à deux vitesses, où certains sacrifices sont plus médiatisés que d’autres ? Son parcours, de la lutte clandestine à la vie de maroquinier à Paris après-guerre, témoigne pourtant d’une fidélité inébranlable à ses idéaux.

Le destin de Robert Birenbaum, né à Paris d’une famille juive polonaise, rappelle la cruauté de l’oubli. Alors que les projecteurs se braquent sur les grands noms, des milliers d’autres, tout aussi courageux, disparaissent des récits officiels. Son fils, Guy Birenbaum, a évoqué la « joie » de son père de rejoindre sa bien-aimée Tauba, rencontrée le jour de la Libération. Une fin digne pour un homme qui a trop longtemps opéré dans l’ombre, malgré une vie entière dédiée à la liberté. Le discours présidentiel, bien que louable, ne peut masquer l’amère réalité : la mémoire collective est parfois sélective, laissant de côté des héros dont l’histoire mériterait d’être gravée au fer rouge dans nos mémoires.