
L’intelligence artificielle (IA), présentée comme une révolution, s’avère être un véritable piège pour les travailleurs, transformant le monde professionnel en un cauchemar dystopique. Loin des promesses d’une libération des tâches ingrates, l’IA est en réalité un outil redoutable de dégradation du travail, une forme modernisée et aggravée du taylorisme. C’est ce que révèle le sociologue Juan Sebastian Carbonell dans son essai glaçant, « Un taylorisme augmenté ».
Ce nouvel ouvrage met en lumière la façon dont l’IA ne se contente pas de modifier l’emploi, mais s’immisce insidieusement dans le quotidien des travailleurs, impactant l’organisation, les conditions et l’autonomie. L’intelligence artificielle a pour effet de « simplifier, standardiser ou parcelliser » les métiers, y compris ceux exigeant des qualifications élevées, du préparateur de commandes à l’oncologue.
Plus inquiétant encore, l’IA réintroduit des pratiques dignes des pires heures du taylorisme : l’étude du temps et le chronométrage, notamment pour les travailleurs des plateformes numériques, s’accompagnent désormais de processus de surveillance omniprésents.
Le cœur même du travail est en péril, menacé par une « dépossession machinique ». L’IA générative, loin d’être une aide, prive les professionnels de leurs gestes créatifs, les réduisant à de simples « appendices » au service de la machine. Ce ne sont pas les travailleurs qui sont libérés des tâches monotones, mais bien l’inverse : ils sont asservis à l’IA. Cette dynamique alarmante risque de conduire à une perte de sens et une intensification du travail, transformant la supposée avancée technologique en une véritable régression sociale.