
L’Assemblée nationale a validé en première lecture une réforme fiscale controversée, transformant l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) en un nouvel « Impôt sur la fortune improductive ». Loin d’être une simplification, cette mutation sème la confusion et oblige les propriétaires à une révision drastique de leur stratégie patrimoniale. Les experts sont unanimes : cette mesure est un véritable « concours Lépine de la fiscalité », un prétexte fallacieux pour durcir la taxation du patrimoine.
Ce nouveau dispositif, adopté grâce à une alliance inattendue incluant le MoDem, le PS, le RN et LIOT, élargit considérablement l’assiette fiscale. Exit l’IFI ciblant uniquement l’immobilier : le spectre s’étend désormais aux biens jugés « non productifs ». Sont désormais dans le viseur : les biens immobiliers non loués, les crypto-actifs, les métaux précieux, les objets de valeur, et surtout, les fonds en euros des contrats d’assurance-vie. Une véritable révolution qui met en péril l’épargne « tranquille » des Français et fragilise un pilier historique de notre économie.
Le seuil d’imposition reste fixé à 1,3 million d’euros de patrimoine net taxable, mais le barème progressif disparaît au profit d’un taux unique de 1%. Si un abattement fixe d’un million d’euros est instauré pour un bien immobilier au choix, la complexité de cette distinction entre « actif productif » et « improductif » est décriée. Comment évaluer la productivité d’une œuvre d’art ou d’un contrat d’assurance-vie ? Les contours restent flous, ouvrant la porte à une interprétation subjective et à des contentieux. Les conseillers en gestion de patrimoine se préparent à une tâche ardue : guider les épargnants dans ce labyrinthe fiscal où chaque décision pourrait avoir des conséquences financières désastreuses.
Cette réforme est perçue comme un retour insidieux de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), sous une nouvelle appellation. Certains y voient un « impôt sur la fortune immobilière affaibli », d’autres un « signal contraire à l’investissement productif ». Quoi qu’il en soit, elle impose aux contribuables fortunés de repenser intégralement leur allocation d’actifs, sous peine de voir leur patrimoine sévèrement amputé. L’État, en cherchant à orienter les capitaux vers l’économie, risque surtout de générer un climat d’incertitude et de méfiance, poussant potentiellement les fortunes à la fuite des capitaux.








