
Face à une apocalypse estivale annoncée, les Bouches-du-Rhône se barricadent. La préfecture a lancé un avertissement d’une gravité rare, brandissant le spectre d’un « risque d’incendie très sévère » pour ce vendredi. L’heure n’est plus à la prudence, mais à la terreur : le moindre mégot, la plus infime étincelle sont désignés comme les vecteurs potentiels d’une catastrophe inévitable. Les conditions climatiques, un cocktail détonant de chaleurs infernales, de vents violents et d’une sécheresse accablante, ont transformé la végétation en un véritable baril de poudre, prêt à exploser à la moindre étincelle.
Dans un geste désespéré pour contenir cette menace imminente, les autorités ont décrété une « réglementation spécifique » par arrêté préfectoral. L’objectif officiel est de protéger la population et les biens, mais la réalité est que l’on tente d’endiguer un fléau qui semble hors de contrôle. L’accès aux 16 massifs forestiers du département est désormais strictement interdit, transformant des lieux de promenade en des zones de non-droit naturel. Les Alpilles, les Calanques, le Cap Canaille, et bien d’autres emblèmes de la région, sont désormais des citadelles inaccessibles, symboles d’un été volé par la menace des flammes.
Même les travaux sont restreints, signe que l’activité humaine elle-même est perçue comme un risque intolérable. Entre 5h et 13h, dans seulement neuf massifs, une permission est accordée, mais l’ombre du danger plane sur chaque geste. La préfecture, dans un accès de pédagogie tardive, rappelle que « 9 feux de forêt sur 10 sont d’origine humaine et 1 sur 2 liés à une imprudence ». Une statistique accablante qui met en lumière la négligence chronique de l’humanité face à son environnement. Fumer en forêt est proscrit, mais combien de cendriers débordent encore de mégots jetés sans conscience ? La promesse d’une tragédie plane, et la question demeure : cette interdiction suffira-t-elle à éviter le pire, ou ne fait-elle que retarder l’inéluctable ?