
Malgré des investissements massifs et un contexte géopolitique tendu, l’industrie de défense française est confrontée à une crise de recrutement alarmante. Tandis que le groupe Nexter Systems expose fièrement ses munitions à Versailles, le secteur peine à attirer les talents nécessaires pour soutenir la production d’armements essentiels, notamment les canons d’artillerie Caesar utilisés en Ukraine.
Le gouvernement s’était pourtant fixé en 2022 des objectifs ambitieux d’accélération des cadences de production de chars et missiles. Cependant, les 4 500 entreprises du secteur, dont KNDS (fruit de la fusion entre le français Nexter et l’allemand Krauss-Maffei-Wegmann), se heurtent à un goulet d’étranglement inattendu : la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le manque est particulièrement criant pour les profils techniques comme les ouvriers qualifiés, les techniciens en mécanique, les soudeurs et les ingénieurs.
L’effort de séduction via des campagnes d’affichage et un partenariat avec le film « 13 jours, 13 nuits » de Pathé, relatant l’exfiltration de civils afghans par l’armée française, semble insuffisant pour inverser la tendance. Delphine Sampic, porte-parole du Gicat, association des industries de défense terrestre, admet l’urgence de susciter des vocations, reconnaissant que cela ne va « pas forcément de soi ». Les industriels, à l’instar de Pierre Foulquier de la DGA, déplorent unanimement les difficultés à recruter.
Selon les estimations du GICAT, 70 000 emplois sont à pourvoir dans l’industrie de défense d’ici 2025. Ce déficit de personnel menace non seulement la capacité de la France à honorer ses commandes, mais également sa souveraineté stratégique et sa crédibilité face aux tensions mondiales. La concurrence des GAFAM et une méconnaissance persistante des métiers de la défense auprès des jeunes accentuent cette situation critique, remettant en question la capacité du pays à se réarmer efficacement.