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Les discriminations ethno-raciales sont délibérément ignorées dans les négociations sur l'égalité au travail, selon une enquête choc de la Dares. Une situation alarmante.

L’égalité au travail est un mirage pour de nombreux employés en France, et une récente enquête de la Dares révèle une réalité choquante : les questions ethno-raciales sont systématiquement marginalisées dans les négociations collectives. Manon Torres, sociologue du travail, met en lumière cette défaillance majeure dans son étude, pointant une faible prise en compte des inégalités ethno-raciales dans les discussions entre syndicats et directions des ressources humaines.

Ce n’est pas une simple négligence, mais une véritable dilution stratégique. Initialement pertinentes, les préoccupations ethno-raciales ont été noyées dans un océan de discriminations plus « acceptables » : genre, orientation sexuelle, handicap. Une manœuvre qui arrange bien les pouvoirs publics, incapables de cibler directement ces groupes sans violer un cadre juridique français qui s’avère dramatiquement inefficace. Le droit antidiscriminatoire est un outil si faible qu’il ne parvient presque jamais à traduire les coupables en justice, laissant un sentiment d’impunité généralisé.

Les experts eux-mêmes, comme ceux de l’Association française des managers de la diversité (AFMD), ont admis en 2024 que la lutte contre le racisme au travail a été négligée. Maya Hagege, déléguée générale, explique sans ambages que ce sujet est « bien plus polarisant » que le handicap ou l’égalité homme-femme. Cette réalité se traduit dans les chiffres : sur plus de 20 000 accords « non-discrimination – diversité » signés entre 2014 et 2021, une misérable fraction de 227 mentionne potentiellement le critère ethno-racial. C’est une honte nationale.

Pendant ce temps, le problème s’aggrave. Selon l’INED et l’Insee (2019/2020), 20 % des descendants d’immigrés et 22 % des immigrés subissent un traitement inégalitaire au travail en raison de leur origine. Ces chiffres alarmants révèlent l’ampleur d’un « impensé » collectif, où les discriminations ethno-raciales persistent dans l’ombre, ignorées et minimisées par ceux-là même qui devraient les combattre. Une situation intenable qui exige des réformes urgentes et une prise de conscience brutale des entreprises et des partenaires sociaux.