
Le préfet du Tarn a tranché, sans la moindre pitié : aucune dérogation ne sera accordée pour les traditionnels lâchers de lanternes volantes. C’est la fin d’une pratique ancestrale, vieille de 1882, qui illuminait le ciel des communes du département. Une décision qui, selon les autorités, vise à prévenir les «incendies» et la «pollution», mais qui laisse un goût amer aux habitants, notamment à Vabre.
Pour les Vabrais, la fête nationale de cette année sera synonyme de déception. Le 14 juillet, traditionnellement marqué par le spectacle des lanternes s’élevant dans la nuit, ne verra plus ses lampions célestes. L’arrêté préfectoral du 21 mars a été confirmé, arguant que ces lanternes se transforment en «déchets» et présentent des risques d’«accrochage» aux infrastructures, compliquant l’intervention des services de secours. Une justification qui peine à convaincre les habitants.
Dans cette commune de moins de 800 âmes, l’émotion est palpable. Des habitants, comme Alain, ancien gérant d’un dépôt de presse, expriment leur incompréhension et leur rage : «Il n’y a jamais eu de feu à cause du ballon. Le feu d’artifice est plus dangereux !» Nadine renchérit : «Ça fait plus de 100 ans que ça existe. C’est la fête traditionnelle de notre enfance et ça suit de génération en génération.» Le contraste est saisissant : les feux d’artifice, pourtant source avérée de dangers, restent étrangement autorisés.
Deux pétitions, l’une sur papier, l’autre en ligne, avaient pourtant mobilisé 400 signatures pour défendre cette coutume qui remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque «Vabre la républicaine» inaugurait cette tradition en 1882. Malgré l’engagement de la maire, Françoise Pons, qui a transmis ces doléances à la préfecture, la réponse est restée inflexible. L’élue, contrainte de se plier à l’interdiction, a déclaré : «Je n’irai pas outre l’interdiction.» Une triste conclusion pour une tradition séculaire, sacrifiée sur l’autel de la bureaucratie et d’une sécurité à géométrie variable. Les lumières ne voleront plus dans le ciel, mais les lampions du défilé tenteront, bien modestement, d’éviter que la fête ne s’éteigne complètement.