
L’investissement fractionné, présenté comme une porte d’entrée vers des actifs de luxe inaccessibles, cache-t-il une réalité bien moins reluisante ? Sur le papier, l’idée de posséder une part de château ou de Ferrari F40 pour quelques centaines d’euros semble idyllique, un véritable fantasme de richesse à portée de main. Mais le rêve pourrait vite virer au cauchemar pour les épargnants naïfs.
Prenez l’exemple de la plateforme Collectionneurs, fraîchement enregistrée auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Son fondateur, Sacha Gallo Parouty, promet des rendements faramineux de 15 % par an sur cinq ans pour l’acquisition de supercars « iconiques » via un système de nue-propriété fractionnée. Une Ferrari F40 pour seulement 250 euros ? Une belle promesse, certes. Mais ces véhicules, exposés dans un musée et à peine roulants pour préserver une valeur souvent illusoire, risquent de décevoir les investisseurs qui rêvent de sensations fortes. Seuls les plus fortunés auront le privilège d’en profiter ponctuellement, laissant la majorité des petits porteurs avec une simple ligne sur un relevé de compte.
Dans un registre tout aussi inquiétant, la startup Part of Dream, cofondée par l’éleveur Matthieu Millet, propose d’acheter des parts de carrière de chevaux de course, basées sur leur potentiel de reproduction. Un « investissement raisonné et transparent » est avancé, mais l’opacité du marché équin et les risques inhérents aux performances sportives et reproductives des animaux devraient alerter les plus prudents. Très peu de particuliers peuvent s’offrir un cheval de course, et ce n’est pas ce type d’investissement fragmenté qui changera fondamentalement la donne, si ce n’est en diluant les risques sur une multitude d’acteurs qui ne maîtrisent absolument rien.
En fin de compte, l’investissement fractionné, bien que séduisant par son accessibilité apparente, pourrait n’être qu’une nouvelle façon pour les plateformes de capitaliser sur les rêves de grandeur des particuliers, les laissant avec des miettes d’un luxe souvent illusoire et des rendements bien incertains. La prudence est de mise avant de se lancer dans ces aventures financières.