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L'Iran accepte de reprendre les négociations sur son programme nucléaire avec l'Europe, mais le contexte de guerre et les menaces de sanctions assombrissent les perspectives de succès.

Téhéran a officiellement accepté de reprendre les pourparlers sur son programme nucléaire avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, une décision surprenante après un mois de tensions exacerbées. La première rencontre, prévue ce vendredi 25 juillet à Istanbul, intervient dans un climat de méfiance généralisée, un mois seulement après des frappes dévastatrices d’Israël et des États-Unis sur des sites nucléaires iraniens. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a cyniquement déclaré que l’Iran répondait à une « demande » des pays européens, alors que la République islamique se targue d’avoir déjoué les attaques.

Cette reprise des discussions est loin d’être un signe de détente. Les puissances occidentales, avec Israël, persistent à soupçonner l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique, une accusation que Téhéran rejette avec véhémence, clamant son droit à un programme civil. Pourtant, les événements récents, notamment les bombardements israéliens et américains qui ont ciblé des responsables militaires et scientifiques iraniens, ont mis en lumière la fragilité de la situation.

La dernière rencontre entre les représentants de l’E3 (Allemagne, France, Royaume-Uni) et l’Iran s’était déroulée à Genève le 21 juin, quelques heures avant les frappes américaines, soulignant la volatilité du dossier. Parallèlement, l’ombre de la Russie plane sur ces négociations. Vladimir Poutine a reçu Ali Larijani, conseiller du Guide suprême iranien, Ali Khamenei, pour discuter du dossier nucléaire, affirmant les « positions bien connues de la Russie » sur la stabilisation régionale. Ce rapprochement discret entre Téhéran et Moscou, bien que la Russie n’ait pas soutenu explicitement l’Iran après les attaques, ajoute une couche d’incertitude à des pourparlers déjà précaires.

La menace d’un « snap-back » des sanctions par les Européens, visant à réimposer des mesures punitives si l’Iran ne respecte pas ses engagements, pèse lourdement sur les discussions. Les diplomates européens ont déjà averti Téhéran de leur détermination à utiliser ce mécanisme en l’absence de « progrès concrets ». Le ministre iranien, Abbas Araghtchi, a qualifié cette menace de dénuée de tout « fondement moral ou légal », augurant des négociations tendues et potentiellement infructueuses. L’accord de 2015, dont les États-Unis se sont retirés sous Donald Trump, reste une épine dans le pied de ces efforts diplomatiques, laissant présager un avenir incertain pour la paix dans la région.