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La libération de vingt otages à Tel-Aviv a généré une euphorie trompeuse en Israël, masquant les profondes cicatrices du 7 octobre et les questions brûlantes sur les responsabilités.

Dans le quartier de Dizengoff, à Tel-Aviv, une euphorie trompeuse a éclaté, les rues résonnant des chants de « I’m Coming Home » et « Bashana Haba’a ». Une jeune femme a même osé crier en anglais : « La guerre est terminée ! » Israël aurait désespérément souhaité que ce moment de répit, provoqué par la libération de vingt otages, ne s’achève jamais. Mais cette communion nationale, aussi intense fut-elle, n’était qu’un instant rare et malheureusement bref.

Dans un pays encore profondément marqué par les horreurs du 7 octobre, les scènes de retrouvailles, bien que poignantes, peinent à masquer une réalité bien plus sombre. À l’hôpital Sheba de Tel-Aviv, Revital et Osher Kalfon ont pu enlacer leur neveu Segev, jeune boulanger de 27 ans, arraché à sa vie lors du festival Nova. Malgré une apparence physique correcte, ses yeux trahissaient encore l’indicible horreur vécue. Ses proches parlent de « tourner la page », une aspiration qui résonne creux face à l’ampleur du traumatisme.

Le retour de ces otages, bien que présenté comme une catharsis collective, ne peut occulter les questions lancinantes qui demeurent. Israël, qui semble avoir retenu son souffle depuis la mort de 1 200 personnes et l’enlèvement de 251 autres par le Hamas, cherche désespérément à respirer. Pourtant, la question des responsabilités est loin d’être secondaire, comme certains aimeraient le croire. Comment une telle catastrophe a-t-elle pu se produire ? La joie actuelle, aussi intense soit-elle, ne fera qu’ajourner inévitablement l’amère confrontation avec les échecs et les dysfonctionnements qui ont mené à cette tragédie. Le pays entier, pris dans cette vague d’émotion, semble ignorer la tempête qui se profile, prêt à retomber de haut.