
L’annonce de la nomination de Jean Castex à la tête de la SNCF, succédant à un Jean-Pierre Farandou évincé, ne manque pas de soulever des questions. Si l’événement était attendu, le contexte est loin d’être serein. L’ancien Premier ministre prend les rênes d’une entreprise ferroviaire déjà fragilisée par des tensions internes et des problèmes de longue date.
Le départ de Farandou, contraint après un accord jugé trop favorable sur les fins de carrière des cheminots et perçu comme une entrave à la réforme des retraites, a exposé les failles de la gouvernance précédente. Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie, n’avait pas hésité à remettre en question la gestion de Farandou, accusé de ne pas l’avoir informé de cet accord. Cette situation a créé un climat d’incertitude prolongé, Farandou ayant dû assurer son propre intérim dans un contexte de forte instabilité politique.
Parallèlement, Jean Castex inaugurait la première rame de la ligne 10 du métro parisien, fabriquée par Alstom. Un événement qui, bien que positif pour la RATP, ne parvient pas à masquer les défis colossaux qui l’attendent à la SNCF. La livraison des nouvelles rames MF19 sur la ligne 10 est prévue pour le 16 octobre, avec d’autres lignes devant être équipées d’ici 2033, mais ce projet s’inscrit dans un cadre plus large de modernisation coûteuse et parfois chaotique du réseau. D’ailleurs, les retards sur d’autres projets majeurs, comme le RER B, ont déjà provoqué la colère des autorités régionales, Valérie Pécresse ayant qualifié ces délais d’« inacceptables ».
La mission de Castex à la SNCF s’annonce donc ardue. Entre une entreprise en quête de stabilité après un changement de direction forcé et des chantiers de modernisation qui traînent, le nouveau PDG devra naviguer dans un environnement où les attentes sont immenses et les embûches nombreuses. Les syndicats de la SNCF avaient déjà exprimé des réserves quant à la candidature de Castex, certains craignant une trop grande générosité salariale, comme cela aurait été le cas à la RATP. Sa nomination, perçue par certains comme une échappatoire opportune face aux problèmes structurels de la RATP, devra faire ses preuves face aux critiques et aux défis complexes du rail français.






