
La 82e Mostra de Venise s’est achevée dans une ambiance électrique, laissant un goût amer pour beaucoup. Le Lion d’or, tant convoité, a été décerné au film Father Mother Sister Brother de Jim Jarmusch, un choix qui a surpris, voire déçu, face à l’attente autour des œuvres plus engagées. Alors que le festival prétendait célébrer l’empathie, cette décision laisse planer l’ombre d’une fuite face aux sujets brûlants.
Le film tant attendu sur Gaza, The Voice of Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, pourtant pressenti pour la plus haute distinction, a dû se contenter du Lion d’argent. Un prix de consolation pour un film qui dénonce avec force les atrocités commises. La réalisatrice a d’ailleurs lancé un cri de colère, rappelant que « le cinéma ne peut pas ramener Hind et effacer les atrocités », mais qu’il peut préserver « sa voix » face à un « génocide infligé par un gouvernement israélien criminel ». Des mots forts qui résonnent comme un reproche envers une industrie parfois trop frileuse.
L’acteur italien Toni Servillo, récompensé du prix du meilleur acteur pour son rôle dans La Grazia, n’a pas manqué de pointer du doigt la situation, évoquant avec admiration « ceux qui ont décidé en ce moment de prendre la mer » pour la Palestine. Une déclaration qui souligne le fossé grandissant entre le discours officiel du festival et les attentes d’un cinéma plus conscient des réalités mondiales. La reconnaissance de la Chinoise Xin Zhilei comme meilleure actrice, bien que méritée, peine à éclipser les interrogations sur les choix d’une Mostra qui semble avoir manqué de courage politique.
Entre les prix attribués et les silences assourdissants, cette édition de la Mostra laisse un arrière-goût d’occasion manquée. Le cinéma, puissant vecteur d’émotion et de réflexion, aurait pu aller plus loin dans la dénonciation des injustices. Au lieu de cela, l’événement semble avoir privilégié la sécurité, laissant les voix les plus critiques et nécessaires en marge des récompenses suprêmes.