Kim-Jong-un-daughter-Beijing
La fille de Kim Jong-un, Kim Ju-ae, a fait sa première apparition internationale à Pékin, alimentant les spéculations sur sa succession. Cette mise en scène soulève des inquiétudes quant à l'avenir du régime nord-coréen.

La dictature nord-coréenne semble s’enfoncer davantage dans l’absurdité dynastique. Kim Ju-ae, la fille de Kim Jong-un, a fait sa première apparition publique internationale à Pékin, relançant des spéculations alarmantes sur sa succession. Accompagnée de son père, elle est descendue du train blindé, souriante, offrant une image soigneusement orchestrée de normalité pour un régime connu pour son opacité et sa brutalité. Cette mise en scène lors d’une parade militaire aux côtés des présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine, loin de rassurer, ne fait qu’amplifier les craintes d’une passation de pouvoir encore plus imprévisible.

Les informations sur Kim Ju-ae sont quasi inexistantes, un vide que la propagande nord-coréenne s’empresse de combler de mythes. Née, selon elle, en 2012, elle aurait entre 12 et 15 ans, selon les services de renseignement étrangers. Son existence a été révélée par l’ancien basketteur Dennis Rodman en 2013, une anecdote surréaliste pour un pays si fermé. Depuis novembre 2022, ses apparitions se sont multipliées, souvent aux côtés de son père lors d’événements militaires, renforçant l’image d’une future dirigeante préparée pour le rôle.

Son évolution vestimentaire, des simples doudounes aux manteaux de cuir formels, et sa présence grandissante au premier plan, éclipsant même sa mère, sont interprétées comme des signes clairs de sa destinée préétablie. Certains analystes y voient une tentative désespérée de Kim Jong-un de rajeunir son image et d’assurer une stabilité dynastique, quitte à bafouer les traditions patriarcales du régime. Cependant, la réalité est plus complexe. Si cette apparition à Pékin est un signal fort, le fait que Kim Ju-ae n’ait aucune fonction officielle et l’existence présumée d’un frère aîné remettent en question la légitimité de cette succession forcée.

Malgré les tentatives de légitimation du régime, l’âge de Kim Jong-un et ses problèmes de santé persistants (surpoids, hypertension, diabète) maintiennent l’incertitude quant à l’avenir du pouvoir. La succession de Kim Ju-ae, si elle se concrétise, ferait d’elle la première femme à diriger le pays, une ironie macabre pour une nation qui étouffe sous le poids d’une dynastie familiale. Cette stratégie de mise en scène à l’international ne masque qu’imparfaitement les fragilités internes d’un régime en quête perpétuelle de reconnaissance et de survie.