
La chasse numérique est ouverte, et la dernière proie est tombée. Une vidéo de quelques secondes, capturée par une « kiss cam » lors d’un concert de Coldplay, a déclenché une déferlante d’indignation et de jugements. Cet instant anodin, montrant un couple enlacé esquivant la caméra, s’est transformé en « l’Affaire Byron », propulsant un homme au pilori médiatique pour une prétendue infidélité. La femme, curieusement, reste dans l’ombre, illustrant une égalité à géométrie variable face à la fureur de la foule.
En 2025, fuir une caméra est jugé aussi suspect que de se soustraire au fisc. Les « enquêteurs de la morale 2.0 » se sont empressés de disséquer chaque pixel, transformant un simple geste en « preuve » de faute. Le jugement public, alimenté par le besoin de dénoncer pour exister, rappelle les pires heures des Delatores romains ou des confesseurs zélés de l’Inquisition. Hier, on lapidait ; aujourd’hui, on « doxe », avec la même brutalité, mais sous un vernis numérique.
Cette hystérie collective révèle une hypocrisie glaçante. Imaginons que le couple filmé ait été deux hommes ou deux femmes. La meute aurait-elle hurlé avec la même ardeur ? Fort probablement non. La peur d’être taxé d’homophobie aurait muselé les accusateurs, démontrant que les nouveaux moralistes ne jugent pas moins, mais « jugent selon » un ensemble de critères bien définis. Ils sélectionnent leurs indignations et ajustent leur violence, laissant transparaître une forme de lâcheté collective.
La pulsion collective à traquer et punir est une constante, une sombre facette de l’humanité. L’histoire se répète, non pas en bégayant, mais en gazouillant, likant et retweetant. Cette soif de coupables dissimule souvent nos propres faiblesses. Les conséquences de cette exposition numérique sont dévastatrices, entraînant cyberintimidation, atteinte à la réputation et des souffrances psychologiques intenses. Un rappel poignant d’un texte ancien souligne que ceux qui s’empressent de jeter la première pierre sont souvent les plus imparfaits. Pourtant, en 2025, cette sagesse serait probablement perçue comme une « passivité toxique » indigne de l’ère de l’indignation généralisée.






