La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (Cnil) vient de sonner le glas des caméras «augmentées» dans les bureaux de tabac, ces dispositifs basés sur l’intelligence artificielle censés évaluer l’âge des clients. Dans un avis qui ne laisse aucune place au doute, le gendarme de la protection des données a jugé cette technologie «ni nécessaire, ni proportionnée», jetant une ombre sur les tentatives de surveillance accrue.
Cette décision fait suite à plusieurs requêtes et met en lumière les dérives potentielles de l’IA. La Cnil estime que la vérification d’une pièce d’identité reste le seul moyen fiable de s’assurer de la majorité des clients, rendant ces caméras superflues. Pire, leur déploiement dans des lieux aussi courants que les bureaux de tabac risque de «banaliser et d’habituer» les citoyens à une forme de surveillance généralisée, menaçant insidieusement nos libertés individuelles.
Malgré l’avis catégorique, la Cnil laisse un sursis aux buralistes déjà équipés, leur permettant de se conformer à cette nouvelle directive. Plusieurs établissements, notamment en Île-de-France, avaient déjà commencé des expérimentations, démontrant une précipitation à adopter des technologies dont les implications éthiques et légales n’étaient manifestement pas mesurées. L’Alliance contre le tabac (ACT) a salué cette décision, rappelant que ces dispositifs ne sont en aucun cas une solution viable au problème de la vente de tabac aux mineurs.
Cet épisode soulève de sérieuses questions sur l’empressement à intégrer des technologies de surveillance de masse sous prétexte de sécurité ou de conformité, sans une évaluation rigoureuse de leur impact sur la vie privée. Une fois de plus, la vigilance s’impose face à l’invasion progressive de nos quotidiens par des outils dont le potentiel de dérive est immense.
