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Le prix Nobel de littérature 2025 décerné à Laszlo Krasznahorkai met en lumière le retard de la France à reconnaître les talents littéraires majeurs d'Europe de l'Est.

La consécration de Laszlo Krasznahorkai par le prix Nobel de littérature 2025 révèle une vérité dérangeante : la reconnaissance internationale arrive souvent trop tard, ou pour des œuvres que la France a longtemps ignorées. Alors que le monde anglo-saxon célébrait Krasznahorkai depuis des années, couronné par le prestigieux prix international Booker en 2015, la France semblait rester étrangement aveugle à ce génie. Un dynamisme est-européen que l’Hexagone a visiblement du mal à saisir, malgré la reconnaissance d’Olga Tokarczuk en 2019.

Le parcours de Laszlo Krasznahorkai en France est un symbole frappant de cette apathie culturelle. Son œuvre fondatrice, « Le Tango de Satan », publiée en Hongrie en 1985, n’a vu le jour dans les librairies françaises qu’en l’an 2000. Quinze années de retard pour découvrir un auteur majeur, un gâchis éditorial qui met en lumière les défaillances de notre système. Heureusement, quelques petits éditeurs, à l’image de Cambourakis, ont courageusement pris le relais, luttant contre l’indifférence générale pour faire découvrir des joyaux comme « Seiobo est descendu sur terre » ou « Le baron Wenckheim est de retour ».

Ce Nobel, bien que mérité, laisse un goût amer. Il souligne le fossé persistant entre la reconnaissance internationale et la capacité de la France à dénicher et promouvoir les talents littéraires étrangers avant qu’ils ne soient mondialement consacrés. Une occasion manquée de plus, qui interroge sur la frilosité et le manque d’audace de l’édition française face aux voix novatrices venues d’ailleurs. Le public français a été privé trop longtemps d’une œuvre qui aurait dû s’imposer bien plus tôt.