
C’est une scène récurrente qui agace des milliers d’abonnés du Monde : ce message intrusif, « Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ». Une véritable épine dans le pied pour quiconque ose s’aventurer à partager son compte, même en toute légalité. Le quotidien, avec sa politique d’accès strict, transforme l’expérience de lecture en un parcours semé d’embûches. Il faut choisir entre son ordinateur, son téléphone ou sa tablette, une décision cornélienne imposée par une gestion des accès d’un autre âge.
La solution proposée, cliquer sur « Continuer à lire ici », n’est qu’un pansement sur une hémorragie. Elle déconnecte l’autre appareil, déplaçant le problème sans jamais le résoudre. Ce ballet incessant de déconnexions et reconnexions est une preuve flagrante du fossé entre les attentes des utilisateurs et les restrictions archaïques du journal. Pire, si l’on ignore qui utilise le compte, la seule parade est de modifier son mot de passe, une mesure drastique qui souligne le manque de transparence et de contrôle offert aux abonnés sur leurs propres accès. Le sentiment de vol ou d’abus est omniprésent, même quand il s’agit d’un simple partage familial.
Pourtant, des offres « Famille » existent, permettant de partager l’abonnement avec plusieurs personnes. Mais la mise en œuvre reste une véritable énigme pour beaucoup, reléguée à des sections obscures du site, ou à des plateformes tierces comme Sharesub ou GoSplit, qui tentent de pallier les carences du Monde en matière de gestion de partage. Ces intermédiaires, bien que pratiques, révèlent l’incapacité du média à offrir une solution fluide et moderne. En fin de compte, l’utilisateur se retrouve piégé par un système rigide, qui ne cesse de rappeler les limites d’un modèle de distribution qui semble ignorer les réalités d’une consommation numérique flexible et partagée.