
La nouvelle promotion de la Légion d’honneur, dévoilée en ce 14 juillet, soulève comme toujours son lot de questions et de cynisme. Tandis que 589 personnes sont « distinguées » pour leur « investissement pour l’intérêt général », on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la pertinence de certaines de ces nominations. Est-ce une véritable reconnaissance ou une simple formalité pour des personnalités déjà sous les feux des projecteurs ?
Parmi les récipiendaires, Mona Ozouf, historienne reconnue, accède à la plus haute distinction. Si son parcours est indéniable, cette élévation à la Grand-Croix pour une figure déjà établie ne surprend guère. De même, Gisèle Pelicot, devenue un symbole du combat contre les violences sexuelles, reçoit le grade de chevalier. Son courage est incontestable, mais cette distinction, bien que méritée, ne vient-elle pas après une exposition médiatique intense, comme une validation tardive et presque obligée ? La question se pose : la Légion d’honneur récompense-t-elle le mérite intrinsèque ou la notoriété publique du moment ?
Le monde de la culture n’est pas en reste, avec des noms comme Sophia Aram, Jean-Louis Aubert, ou encore Pharrell Williams, preuve que la distinction française n’hésite pas à s’ouvrir aux célébrités internationales, parfois au détriment de l’anonymat héroïque. Les anciens ministres Éric Dupond-Moretti et Bruno Le Maire sont également honorés, renforçant l’impression d’un entre-soi politique, où les faveurs se renvoient l’ascenseur. Où est la surprise, l’émotion, quand la liste semble si prévisible ?
L’initiative citoyenne, qui permet de proposer des candidatures hors des cercles traditionnels, est censée apporter un vent de fraîcheur. Pourtant, avec seulement vingt personnes distinguées par ce biais, elle ressemble davantage à une goutte d’eau dans l’océan, un effort symbolique pour masquer le caractère élitiste et parfois déconnecté de cette institution. La Légion d’honneur, censée incarner les valeurs de la République, ne risque-t-elle pas de perdre de sa superbe en récompensant systématiquement les figures déjà adoubées par l’opinion publique ou les allées du pouvoir ?