Le récent ouvrage de Jean-Marie Guénois, éminent vaticaniste et rédacteur en chef des pages religion du Figaro, promet de dévoiler les arcanes du nouveau pontificat de Léon XIV. L’ambition est louable, mais peut-on réellement croire à une ère d’espérance pour une Église catholique toujours plus divisée et fragilisée ?
Malgré l’expertise reconnue de l’auteur sur les rouages complexes du Vatican, l’idée de brosser un portrait « lumineux » d’un pape dont le règne débute à peine semble pour le moins hâtive. Les anecdotes sur le conclave et l’élection sont certes intrigantes, mais elles occultent les défis colossaux et les scandales persistants qui minent la crédibilité de l’institution. Comment ignorer la crise des abus sexuels, dont les séquelles continuent de hanter l’Église, et les appels incessants des victimes pour une justice enfin transparente ? La reconstruction de la confiance est une tâche herculéenne, et la prudence serait de mise avant de crier victoire.
Le pontificat de Léon XIV est déjà confronté à des questions brûlantes : la chute continue de l’affiliation religieuse en Occident, les débats doctrinaux déchirants sur des sujets comme l’acceptation des personnes LGBTQ+, et la nécessité impérieuse de réformer les finances du Vatican, souvent critiquées pour leur opacité et leur mauvaise gestion. Si le nouveau pape semble vouloir s’inscrire dans la lignée de François concernant la justice sociale et l’environnement, sa capacité à unir une Église polarisée reste à prouver. Les traditionalistes pourraient bien s’opposer à des réformes jugées trop progressistes, tandis que les réformistes attendent des actions concrètes. Le chemin est semé d’embûches, et l’optimisme affiché par certains ne masque pas les tensions latentes.
L’ouvrage de Guénois, vendu à 16,50 €, se positionne comme un éclairage inédit. Mais l’Église a-t-elle vraiment besoin d’un nouveau portrait édifiant, ou plutôt d’une confrontation brutale avec ses propres défaillances pour tenter de retrouver une pertinence dans un monde de plus en plus sceptique ? La réalité est complexe, et les défis sont immenses. Le règne de Léon XIV s’annonce bien plus difficile qu’un simple conte d’espérance, et les révélations les plus importantes sont peut-être encore à venir.
