
La petite commune de Locmariaquer, joyau touristique du Morbihan, est secouée par un scandale local : l’échec retentissant d’un référendum sur l’aménagement de réserves foncières. Hervé Cagnard, le maire sans étiquette, est encore sous le choc. Son projet de construire une trentaine de logements en bail réel solidaire (BRS), un dispositif censé offrir des prix jusqu’à 40% inférieurs au marché, a été purement et simplement rejeté par ses administrés. Un véritable camouflet pour l’élu qui rêvait de briser la spirale infernale de la spéculation immobilière.
Le BRS, présenté comme une solution miracle pour endiguer l’explosion des prix et permettre aux locaux de rester dans leur propre commune, s’est heurté à un mur. À Locmariaquer, la réalité est dure : les jeunes et les actifs sont expulsés, contraints de s’éloigner toujours plus des côtes. La raison est simple et amère : une majorité écrasante de retraités, souvent propriétaires de résidences secondaires, qui monopolisent le marché. Six habitations sur dix sont désormais des résidences de vacances, transformant le village en un vaste EHPAD à ciel ouvert et un simple centre de villégiature pour touristes fortunés.
Les conséquences de cet échec sont dramatiques pour la vie locale. L’école élémentaire, autrefois vibrante, ne compte plus que 54 enfants, une chute alarmante par rapport à l’année précédente. Les rares biens disponibles sont avalés par les résidents secondaires, tandis que les locations à l’année sont cyniquement converties en lucratifs meublés touristiques. Locmariaquer, avec ses prix immobiliers rivalisant avec ceux de Paris, illustre de manière criante le déclin des communautés locales, sacrifiées sur l’autel d’un tourisme vorace et d’un vieillissement inévitable de la population.