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La loi Lemoine promettait de libérer les emprunteurs de l'assurance bancaire, mais les bénéfices semblent surtout capter par les plus aisés. Les banques continuent d'imposer des tarifs élevés, malgré la concurrence.

Quinze ans après la loi Lagarde, qui amorçait une timide ouverture, la loi Lemoine, en vigueur depuis le 1er juin 2022, promettait une véritable révolution pour l’assurance de crédit immobilier. Désormais, les propriétaires peuvent, en théorie, résilier leur contrat à tout moment. Finies les contraintes des dates d’anniversaire et les préavis rigides qui enfermaient les ménages dans des contrats souvent trop chers.

Pourtant, malgré une augmentation spectaculaire des demandes de substitution – plus de 80 % entre 2021 et mi-2023 – le tableau n’est pas si idyllique. Cette réforme, censée fluidifier le marché, semble surtout profiter à une minorité. Les catégories socioprofessionnelles supérieures représentent 58 % des changements, alors qu’elles ne détiennent que 27 % des crédits immobiliers. Une fois de plus, les avantages d’une réforme majeure ne semblent pas atteindre équitablement tous les ménages.

La motivation principale derrière ces changements est, sans surprise, financière. Les banques sont pointées du doigt pour leurs tarifs exorbitants, souvent deux à quatre fois supérieurs à ceux des assureurs alternatifs. Cette différence peut représenter une économie moyenne de 10 000 euros sur vingt ans, soit environ 40 euros par mois. Un montant non négligeable, surtout dans le contexte économique actuel. Cependant, les bancassureurs, en position de quasi-monopole avec 77% de parts de marché, ne facilitent pas toujours les démarches de substitution, multipliant les obstacles administratifs et les délais.

En dépit des promesses d’un accès « plus juste, plus simple et plus transparent », la loi Lemoine révèle une réalité contrastée. Si elle offre une opportunité de réduire les coûts pour certains, elle peine à véritablement démocratiser le marché. Les emprunteurs doivent rester vigilants et ne pas hésiter à comparer les offres pour éviter de payer le prix fort, malgré les stratégies d’obstruction de certains établissements bancaires.