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Emmanuel Macron admet enfin que la France a mené une « guerre » brutale au Cameroun, infligeant des violences répressives avant et après l'indépendance de 1960. Une reconnaissance tardive mais cruciale, qui soulève des questions sur les réparations et la politique française.

Emmanuel Macron a finalement brisé le silence assourdissant, admettant que la France a bel et bien mené une « guerre » brutale au Cameroun, avant et après la mascarade de l’indépendance de 1960. Une révélation fracassante qui met en lumière les sombres réalités de l’histoire coloniale française. Ce n’est pas une simple reconnaissance, c’est un aveu tardif qui révèle l’ampleur des violences répressives exercées par les autorités coloniales et l’armée française, bien au-delà de ce que l’on admettait publiquement.

Dans une lettre adressée à Paul Biya, le président camerounais, Macron endosse sans détour les conclusions d’un rapport d’historiens, qui détaille les horreurs perpétrées. Et le pire ? Cette guerre sanglante ne s’est pas arrêtée en 1960. La France a continué à soutenir des actions menées par les autorités camerounaises dites « indépendantes », prolongeant ainsi le chaos et la souffrance. C’est une page d’histoire glauque et honteuse que Macron tente, enfin, de tourner, après des décennies de déni.

Pourtant, cette reconnaissance est-elle suffisante ? Pour Mathieu Njassep, président de l’Association des vétérans du Cameroun, la réponse est un non catégorique. Il exige des réparations, car la France a « détruit des villages, des routes, tant de choses ». Une demande légitime, mais totalement ignorée par Macron dans sa lettre, ce qui ne fait qu’ajouter à l’indignation. Pendant ce temps, Paul Biya, un octogénaire au pouvoir, s’accroche désespérément à son trône, briguant un huitième mandat, tandis que son principal opposant est écarté sans ménagement.

Le rapport des historiens, un pavé de plus de mille pages, met en lumière le basculement d’une simple répression coloniale vers une véritable guerre, qui a fait des dizaines de milliers de victimes. L’indépendance de 1960 n’a été qu’une façade, le régime autocratique d’Ahmadou Ahidjo ayant été mis en place avec le soutien aveugle des autorités françaises. Les archives françaises, enfin promises à l’accessibilité, révéleront sans doute d’autres atrocités, comme celles d’Ekité en 1956 ou la mort de leaders indépendantistes sous commandement français. Mais pour l’assassinat de Félix-Roland Moumié, l’omerta persiste, l’absence d’éléments suffisants et le non-lieu suisse laissant planer un doute persistant sur les responsabilités.