wine-harvest-exploitation
Les vignobles bordelais, fleuron de la France, cachent une réalité sombre : l'exploitation d'une main-d'œuvre étrangère sous-payée, mal logée et sans protection. Un scandale social ignoré.

Derrière l’image prestigieuse des grands crus de Bordeaux se cache une réalité alarmante. Le plus vaste vignoble de France, fleuron de notre patrimoine, repose sur l’exploitation d’une main-d’œuvre étrangère, souvent contrainte à des conditions de travail dignes d’un autre siècle. Ces travailleurs, venus d’Europe de l’Est et du Maghreb, endurent des journées exténuantes, des hébergements précaires et des risques sanitaires ignorés, le tout pour soutenir une industrie qui les relègue dans l’ombre.

Chaque soir, le ballet des bus immatriculés en Roumanie au supermarché de Pauillac est un triste rappel de cette dépendance. Des dizaines d’hommes et de femmes, visages marqués par la fatigue, se pressent pour des courses rapides après des journées passées à vendanger sous un soleil de plomb. Certains, comme Alexandru, 16 ans, apprennent le métier sur le tas, sans réelle formation ni protection. D’autres, à l’image de José, 60 ans, reviennent année après année, car « 10 euros net de l’heure, c’est mieux payé que les olives », une déclaration qui en dit long sur la précarité de leurs existences.

Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle s’est aggravée. Depuis les années 2000, face aux crises et restructurations, les domaines viticoles ont externalisé la main-d’œuvre à des entreprises prestataires. Aujourd’hui, plus de 600 sociétés de ce type opèrent en Gironde, créant un système complexe où la responsabilité des conditions de travail déplorables est diluée. Le modèle économique bordelais, basé sur le prestige et l’excellence, semble avoir oublié toute considération humaine, préférant le profit à la dignité de ceux qui façonnent ses vins les plus renommés. Un sombre paradoxe pour une région qui se targue de son savoir-faire et de son héritage.