French-Post-Office-crisis
La nomination controversée de Marie-Ange Debon à la tête de La Poste suscite des inquiétudes majeures face aux défis financiers et sociaux du groupe en crise.

Après des mois de manœuvres politiques et de luttes intestines, l’Élysée a enfin tranché, imposant Marie-Ange Debon à la tête de La Poste. Cette décision intervient dans un contexte d’instabilité alarmante pour le groupe public, déjà fragilisé par une baisse structurelle du courrier et une pression intense sur ses services. La nomination de Mme Debon, issue de Keolis, est loin de rassurer quant à l’avenir incertain de l’entreprise.

Marie-Ange Debon, 60 ans, prend les rênes d’un paquebot en pleine tempête. Son parcours, de la Cour des comptes à France 3, puis chez Thomson et Suez, avant Keolis, est certes impressionnant. Cependant, sa capacité à naviguer dans les eaux tumultueuses d’une entreprise publique en pleine mutation, confrontée à une crise financière profonde et à des défis sociaux majeurs, reste à prouver. La Poste a vu son chiffre d’affaires du courrier chuter de 500 millions d’euros par an sous son prédécesseur, Philippe Wahl, qui a maintes fois alerté sur la situation.

Le Parlement doit encore valider ce choix, et une majorité des trois cinquièmes serait nécessaire pour l’invalider. Une tâche ardue pour cette figure du patronat, vice-présidente du Medef International, dont les décisions passées chez Keolis, notamment face aux défis climatiques et concurrentiels, n’ont pas toujours fait l’unanimité. La Poste est loin d’être un fleuron en pleine croissance ; elle est un symbole en déclin, luttant contre la numérisation galopante et la précarisation de ses employés.

Les défis sont colossaux : maintenir à flot une entreprise employant 230 000 postiers, faire face à une perte de deux milliards d’euros prévue sur les cinq prochaines années pour le seul secteur du courrier, et gérer une reconnaissance des services publics en chute libre. La vision de Mme Debon pour transformer La Poste en un acteur de la logistique durable ou en un soutien à la transition énergétique pourrait n’être qu’une chimère face à l’ampleur des problèmes existants et à l’héritage d’une gestion sous tension.