
Derrière les façades repeintes et la propagande du « nouveau Marioupol » vanté par Vladimir Poutine, se cache une réalité bien plus sombre : celle des milliers d’habitants laissés pour compte, dont les vies ont été détruites par les combats. Tandis qu’une effigie de la marque de chocolat russe Alionka orne fièrement les nouvelles boutiques, symbolisant l’annexion forcée, la ville, prise en avril 2022 après 85 jours d’un siège dévastateur, peine à masquer ses cicatrices. Le « micro-quartier Nevski », avec ses immeubles neufs aux teintes criardes de blanc et vert, reloge une fraction des déplacés, mais cette reconstruction lente et chaotique est loin d’être un succès éclatant.
Malgré les promesses grandiloquentes de Moscou de transformer Marioupol en une « ville modèle », la réalité est bien différente. Les rapports évoquent un rythme de reconstruction si léthargique qu’il faudrait 18 ans pour achever le travail si le rythme actuel persiste, sans même compter les infrastructures vitales toujours défaillantes. De nombreux habitants peinent à obtenir des documents ou se plaignent de retards et de la nécessité de payer des pots-de-vin pour faire avancer les démarches. Pire encore, au lieu de reloger les victimes de leurs propres bombardements, les autorités d’occupation proposent des prêts immobiliers, transformant la tragédie en une opportunité financière pour les banques russes.
Le tableau dépeint par les habitants qui sont restés est celui d’une ville agonisante. Sans accès fiable à l’électricité, à l’eau ou aux soins de santé, et avec des milliers de logements encore en ruines, la vie est un combat quotidien. Les promesses de Moscou de restaurer la ville en trois ans sont balayées par la réalité d’un chantier qui semble interminable, où la corruption ronge les fonds alloués. Certains bâtiments rénovés pour la propagande présentent déjà des fissures, signes d’une construction hâtive et de mauvaise qualité. Le « nouveau Marioupol » n’est qu’une façade, une illusion pour masquer une dévastation persistante et une population oubliée.